
Jour 1 – Statut : Auto-entrepreneur
Mot du jour : déconcertant.
C’est le terme qui m’est venu spontanément à l’esprit en finalisant la création de mon entreprise. En quelques clics, un formulaire basique à remplir, la création d’un identifiant pour la signature électronique… et voilà. Me voici officiellement chef d’entreprise.
Le plus surprenant, c’est la simplicité du processus. Ayant déjà fondé des associations par le passé, je peux dire sans hésiter : créer une entreprise est plus facile que de monter une association. Moins de contrôles, moins d’étapes, moins de justificatifs. Pas de véritable vérification sur l’activité choisie, ni sur sa pertinence ou ses objectifs.
Mais alors, est-ce vraiment si simple ?
Peut-être que pour moi, oui. Le numérique, c’est une part essentielle de mon métier. Compléter des formulaires en ligne, m’inscrire sur des plateformes, naviguer sur des interfaces… c’est mon quotidien.
Mais je m’interroge :
- Qu’en est-il de l’auto-entrepreneur dont l’activité est loin du numérique ?
- Qu’en est-il de celui ou celle qui n’a jamais été à l’aise avec Internet ?
- Et que dire de celles et ceux qui n’ont même pas accès à Internet ?
Créer l’entreprise, ce n’est que la première marche. À peine le dossier validé, je dois m’inscrire à l’URSSAF, suivre les démarches fiscales… et très vite, une tentative d’arnaque : une fausse déclaration pour soi-disant s’enregistrer comme entreprise européenne.
Heureusement, j’ai flairé le piège à temps. Mais combien se font avoir ?
On démarre à peine qu’on est déjà sur un terrain miné :
- La crainte de se tromper sur ses déclarations,
- La peur de dépasser un seuil,
- L’angoisse de devoir rendre des comptes,
- Les vautours aux aguets, prêts à profiter de la moindre inattention.
Ce constat me renforce dans une conviction profonde : nous avons besoin de plus d’acteurs sur le terrain. Des personnes pour accompagner, former, guider celles et ceux qui se lancent, en particulier sur les enjeux du numérique.
Car oui, ce simple formulaire de création d’entreprise m’a donné, en quelque sorte, une légitimité nouvelle : celle de m’engager contre l’illectronisme et la fracture numérique.