
Hier, le 27 mai 2025, j’ai eu la chance de participer à un événement passionnant organisé par l’INR, avec le soutien de la Métropole de Rouen. L’objectif ? Réfléchir ensemble à une grande question : comment faire de notre territoire normand – et plus précisément de la métropole rouennaise – un acteur de référence en matière d’intelligence artificielle… mais d’une IA éthique et responsable.
Dans ce billet, je vous propose de revenir sur les idées partagées, les échanges inspirants et surtout sur les réflexions que cette rencontre m’a inspirées autour de l’IA, du numérique responsable et des défis (et opportunités !) pour notre territoire.
En entrée : mise en bouche engagée
C’est le vice-président de la Métropole de Rouen, Abdelkrim MARCHANI, en charge de l’économie, l’attractivité, l’enseignement supérieur et la recherche, la vie étudiante, le numérique – L’Europe et l’international, qui a ouvert la soirée. Un discours clair et convaincu : la métropole se veut un terreau fertile pour l’innovation, mais toujours alignée avec une valeur forte et constante depuis plusieurs années : celle du numérique responsable.
Une belle manière de rappeler que l’avenir technologique de notre territoire doit rimer avec cohérence, éthique et durabilité.
En plat de résistance : un discours qui secoue les certitudes
Vincent COURBOULAY, Ingénieur et maître de conférences en informatique à La Rochelle Université est ensuite intervenu pour décortiquer l’impact énergétique de l’intelligence artificielle générative. Une présentation aussi percutante qu’indispensable : derrière la magie des IA, se cachent des coûts environnementaux majeurs. Un plat principal corsé, qui nous oblige à repenser nos usages et à faire des choix plus conscients. (du supplément ?)
En dessert : une table ronde pleine de convictions… mais pas encore complète
Quatre intervenants engagés, tous acteurs de l’écosystème IA, ont partagé leur vision d’une intelligence artificielle frugale, responsable, au service de l’environnement. Des échanges limpides, clairs et inspirants.
Mais si le discours environnemental était bien présent, le lien avec les enjeux sociétaux plus larges du numérique responsable semblait encore timide. Un dessert savoureux, mais auquel il manquait peut-être une touche d’amertume sociale pour en faire un équilibre parfait.
Et pour digérer : un atelier pour penser l’avenir
La soirée s’est clôturée par un atelier collaboratif autour de deux questions simples… mais fondamentales :
- 👉 Quelles sont, selon vous, les opportunités et les menaces de l’IA ?
- 👉 Que faut-il mettre en place, ici, sur notre territoire, pour construire une IA éthique et utile ?
Un moment d’échange riche, stimulant, qui laisse entrevoir de belles pistes pour une intelligence artificielle locale, engagée et éclairée.
Conclusion du repas : une frustration… pleine de promesses
Vous l’aurez compris, le menu qui nous a été servi hier soir était plus qu’appétissant. Et vu l’appétit des convives – tous de grands gourmands du sujet – le temps alloué à chaque plat a paru bien trop court.
Comme l’a très justement dit Monsieur le Vice-Président de la Métropole de Rouen, le maître-mot de la soirée était : frustration. Mais une frustration constructive, presque voulue. Car l’objectif n’était pas de servir des réponses toutes faites, mais de faire émerger les bonnes questions, celles qui nous suivent longtemps après le dîner.
Alors oui, nous sommes repartis la tête bien pleine, les idées en ébullition. Et c’est tant mieux : il faut laisser mijoter tout ça, pour qu’émergent, ensemble, des solutions concrètes et locales, à la hauteur des enjeux de l’IA et du numérique responsable sur notre territoire.
Un point de vue plus personnel
Bien entendu, la forme de l’événement d’hier était irréprochable : des personnes passionnantes, compétentes, engagées… le tout dans un cadre superbe, celui de Seine-Innopolis.
Mais sur le fond, je dois l’avouer : je suis un peu resté sur ma faim. L’intelligence artificielle représente un tournant majeur dans notre rapport au numérique et dans notre façon de comprendre le monde – et surtout, pour les générations futures.
Il est donc essentiel de se poser les bonnes questions. Et c’est rassurant de voir autant de personnes passionnées, intriguées, parfois même inquiètes, face à ces technologies – qui, comme le disait si bien Vincent Courboulay, n’ont de « nouveau » que le nom.
Mais aujourd’hui, l’IA est devenue un produit marketing autoporté. Pas besoin de publicité : nous la faisons nous-mêmes, à force d’en parler sans cesse.
« Quand c’est gratuit… c’est toi le produit. »
Depuis plusieurs mois, je pense qu’on parle trop d’intelligence artificielle. Ce sujet passionnant finit par masquer un enjeu plus profond : le numérique responsable.
Lorsqu’on nous a demandé ce qu’il faudrait faire pour une IA éthique, j’ai proposé un petit exercice : se replonger dans les années 2000, lors de l’arrivée d’Internet dans nos foyers. Pourquoi ? Parce que nous reproduisons les mêmes erreurs.
À l’époque, on se demandait : “Qu’est-ce qu’Internet ? Jusqu’où cela ira-t-il ? Que peut-on en faire ?” Aujourd’hui, les mêmes questions reviennent avec l’IA.
Et notre principale erreur fut de ne pas former correctement la population, notamment les enseignants – encore trop peu outillés aujourd’hui.
Pire : les rares occasions d’aborder ces sujets avec les enfants, comme le cours de « Technologie », ont été supprimées ou réduites à peau de chagrin.
Quelques repères temporels pour mesurer le décalage :
- 📡 La fibre dans les HLM de Seine-Maritime : 2009
- 🏫 La fibre dans les collèges : 2022
(Sans jeter la pierre, mais tout de même…)
En résumé :
- 👉 Ne nous laissons pas distraire par l’effet “waouh” des technologies.
- 👉 Le vrai sujet, c’est notre rapport au numérique : comment on l’utilise, comment on le transmet, et quel impact il a.
- 👉 Agissons là où cela compte le plus : réduire la fracture numérique et accompagner les citoyens dans ces transitions.